La cité lacustre néolithique, reconstitution de l'archéologue, est une allusion aux premières ébauches d'urbanisation dans la région du Jura.
Au XVIIIème siècle, la ville de Versoix, projet inachevé, est envisagée de manière différente par le Duc de Choiseul et Voltaire. Pour le premier, c'est une nouvelle cité de commerce, pour le second, l'espoir d'une " ville de la tolérance " religieuse.
New Harmony, au XIXème siècle, est un projet voulu par un entrepreneur socialiste souhaitant fonder une organisation communautaire de progrès, au prix d'une émigration vers le Nouveau Monde.
Quant à la ville de trois millions d'habitants, conçue par l'architecte Le Corbusier au XXème siècle, elle se veut une réponse appropriée aux défis de la ville moderne. Ces quatre îles, utopiques ou rêvées, flottent comme autant d'invitations à la recherche des cités idéales et de leur fondements.
Visions et volontés
Evoluer, œuvrer ensemble de la meilleure manière possible, l'Homme en rêve depuis toujours. Si la ville, née dans le Croissant Fertile il y a peut-être 6000 ans, constitue la forme la plus communément admise pour accéder à cette aspiration, la Cité Idéale reflète l'affirmation d'un " idéal fondateur ".
Imaginaires ou réelles, exaltantes ou terrifiantes, les mille et une expériences imaginées par l'Homme oscillent donc entre l'Utopie et notre quotidien, entre la théorie et la réalité concrète.
L'architecture de la cité idéale
La cité idéale des architectes entretient parfois des rapports troubles avec l'utopie, mais dans son essence, elle s'en différencie fondamentalement. Il ne s'agit pas de matérialiser l'habitat d'une société où les contradictions sociales trouveraient une solution, il s'agit plutôt d'expérimenter, par le projet, une architecture nouvelle pour visualiser la forme urbaine qu'elle promet.
N'importe quelle agglomération étant perfectible - on peut l'assainir, la régulariser et l'embellir - son prince, ses bourgeois ou ses architectes peuvent imaginer un objectif idéal à atteindre. Aujourd'hui, au romantisme technologique des villes spatiales, cybernétiques ou cosmiques s'oppose l'idée d'un retour aux formes urbaines traditionnelles, rues, avenues, places, jardins et parcs publics.
Rêves d'ingénieurs
Avec la révolution néolithique, un processus irréversible s'est engagé, les regroupements humains toujours plus importants et complexes ont engendré l'utilisation de techniques en développement permanent. L'importance du progrès scientifique et les grandes innovations n'ont d'ailleurs cessé de conditionner les agglomérations urbaines. Au XVIIIème siècle, les encyclopédistes et les scientistes affirment l'importance du progrès scientifique pour organiser les villes.
Les grandes utopies urbaines et sociales du XVIIIIème et du XXème siècle s'appuient également, sur les progrès de la géométrie et de la perspective.
Vivre et travailler ensemble
Si, de tous temps et en tous lieux, les hommes se rassemblent en des territoires réputés malsains et encombrés, si donc ils renoncent à l'espace de liberté et au confort que pourrait leur procurer un habitat dispersé avec des activités de proximité, c'est qu'ils trouvent tout compte fait, deux avantages décisifs à la concentration citadine, urbaine, et métropolitaine : un toit et un emploi.
Besoin primordial de sécurité physique et matérielle chez les habitants, mission fondamentale pour la ville et ses autorités." (Note: Mme Yvette Jaggi) Le besoin de protection n'est pas la seule motivation de la cité. Le commerce, la politique, la religion, la culture, forment les autres fonctions de la ville. Elles peuvent être fondatrices (Brasilia, Katmandou) ou liées à une spécialisation (Bergen).
Les portraits
La galerie des portraits s'efforce de présenter, sans aucune prétention à l'exhaustivité, différents regards sur ce que pourrait être "la recherche de la cité idéale".
Les individus présentés ici furent tributaires des mentalités particulières qui influencèrent la formation de leur pensée. Les idées de ces personnages ne peuvent être comprises en dehors du contexte historique, culturel, idéologique et sociologique dans lequel elles sont inscrites.
Ceci étant, bien des domaines abordés indiquent que le souhait d'une cité idéale est d'abord le rêve d'une société parfaite, sans désordre comme par exemple avec Platon, Thomas More ou encore Charles Fourier, c'est alors une utopie qui magnifie et incite à une nouvelle organisation humaine plus conforme, c'est une image de ce que devrait être la société.
La cité idéale peut également dépasser l'utopie, elle peut devenir réalité dans des conditions particulières, par exemple, dans les installations militaires, les villes fortifiées dont Vauban est le grand artisan ou encore dans les réalisations ou volontés des hommes politiques (M. de Pombal, G.E. Haussmann,…etc), des architectes et urbanistes (E.Howard, W.B. Griffin,…etc), des industriels (JB-A. Godin, R. Owen,…), et des ingénieurs (G.E. Dufour,…etc).
La grande horloge du monde
Pour présenter l'extraordinaire diversité des cités du monde, douze villes ont été choisies. Elles sont symboliquement regroupées dans un petit théâtre autour d'une grande horloge (Navigator Tissot). En y pénétrant, 12 écrans apparaissent, ils correspondent à chacune des cités suivantes : Bamako, Le Caire, Berne, Tokyo, Noumea, Stockholm, New Delhi, Ekaterinbourg, Rio de Janeiro, Singapour, New York, Arc et Senans. La "magie" des nouvelles technologies permet de découvrir un petit diaporama de chaque cité et d'observer en direct, grâce aux caméras web installées dans chacune d'elles, la vie de leurs habitants. (Pour choisir une cité, il suffit de cliquer le bouton correspondant sur la montre, une petite icône clignote sur l'écran, en la touchant une nouvelle image en temps réel apparaît). Signalons toutefois que le temps universel " Beat Time " reste le même tout autour du globe
Questions pour aujourd'hui
La fonction de la ville est souvent décrite comme univoque, tendant vers un réseau mondial régulant l'économie et modelant la culture. L'image de la ville paraît politiquement fondamentale, exprimant tant puissance et hégémonie que l'état d'un patrimoine sur mesure.
Aussi, s'établit-il une fracture profonde entre ce qui est donné à voir et ce qui est vécu. Le fait urbain présente une diversité immense de réalités. Car l'examen critique de la ville, tour à tour unique, élément d'une catégorie ou d'un groupe géographique, est lié à la notion d'échelle d'expérience.
Chaque observateur ou acteur de la ville possède sa propre échelle d'espace et de temps : il n'y a pas de simultanéité. Si depuis 50 ans, le monde est en panne de théorie urbaine, il n'a pas manqué d'outils, et n'a jamais eu autant de champs et d'échelles d'expérimentation. Si faire et défaire la ville reste l'enjeu majeur, où est la place de l'Homme dans cet enjeu ? La ville est-elle la composante d'un système dans lequel des groupes dominants tissent la cohérence de leur modes opératoires ? Est-elle un lieu d'intégration, malgré et de par les conflits qu'elle suscite et les profondes inégalités qu'elle révèle ? N'est-elle pas le meilleur lieu d'expression et d'expérimentation de la citoyenneté, confrontation sans cesse renouvelée entre intérêts public et particulier.
La ville forme une représentation de notre réalité, un champ de conscience de la place et du rôle de chacun, vu de l'autre comme soi-même. La perception actuelle du phénomène urbain mondial, de l'analyse de profonds déséquilibres planétaires, dans le désir d'y remédier et simultanément pour certains de l'exploiter, doit nous amener à revitaliser le concept fondateur de la démocratie. Dépassant tout diagnostic fondé sur une seule échelle de référence, il faut voir dans chaque ville le lieu du projet de ce que nous tendons à faire du monde, en s'efforçant de réserver toute sa place à l'idéalité
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