sel et sucre
Nombre de messages : 104 Age : 39 Localisation : biskra Date d'inscription : 06/09/2008
| Sujet: La blague de Renzo Piano Jeu 11 Sep - 14:06 | |
| La blague de Renzo PianoMercredi 11 janvier, l’architecte italien Renzo Piano est venu parler à l’auditorium du Louvre de l’extension du High Museum of Arts à Atlanta dont il est l’auteur. C’est un homme fin et élégant, il a des cheveux et une barbe gris-blancs et parle le français avec un délicieux accent italien. Renzo Piano nous parle peu du High Museum. Son discours est un rappel des principaux projets qui jalonnent sa carrière. Arrive alors sur l’écran l’image du Centre Georges Pompidou qu’il construisit entre 1971 et 1977 avec Richard Rogers : «Ça m’étonne qu’on nous ai laissé faire ça en plein centre de Paris. Ça ne m’étonne pas qu’on l’ai fait, parce qu’on était jeune et fou, et j’en suis très fier, mais je ne l’aurais probablement pas refait aujourd’hui.» L’audience ricane avec Piano; pas moi. Est-ce une boutade ? Sûrement, mais j’ai l’impression qu’il y a un fond de vérité dans la boutade. Le Centre Georges Pompidou porte le nom du Président qui a instigué sa construction. Quand celui-ci arrive au pouvoir en 1969, le pays est en plaine mutation économique, politique, sociale. Paris a par ailleurs perdu sa place de carrefour international des arts depuis la Seconde Guerre mondiale : la ville a besoin d’un grand centre culturel attractif, dynamique et moderne; le nouveau Président voudrait un musée qui soit l’égal de ses concurrents américains, anglais et hollandais, qui mêle et décloisonne toutes les formes artistiques. Il doit être abrité par une architecture de son temps: le site choisi ne nécessite pas d’expropriation ni de destruction, il est vide depuis 1938 et sert de parking. Un autre président que Georges Pompidou n’aurait probablement pas encouragé une telle aventure, hormis peut-être François Mitterrand. Valéry Giscard d’Estaing, élu en 1974 à la mort de Pompidou, tente de réduire l’envergure du projet, il échoue. Le Centre Georges Pompidou, ses collections, ses activités et son architecture sont le résultat d’une volonté passionnée de modernisme et d’ouverture culturelle. A quoi le Centre aurait-il du ressembler pour que Piano nous épargne sa boutade de mauvais goût ? «Une architecture qui s’intègre au paysage urbain» ? Nous sommes assaillis de constructions revendiquant cette intégration, mais qui au final ne s’intègrent pas plus qu’une paroi en verre dans un champs de pierres. Enfin, on fini par pardonner à Piano sa phrase malencontreusement trop «intégrée» au discours architectural ambiant, et on se rappelle de sa blague suivante: «L’architecture est peut-être la profession la plus ancienne du monde. Ou presque!» | |
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